La présentation de l’article de « Médiapart » indique « Emmanuel Macron et le gouvernement prétendent que certains chômeurs gagnent plus grâce à Pôle emploi que lorsqu’ils travaillaient. Leur démonstration est erronée. Tout comme l’affirmation selon laquelle l’assurance-chômage favorise les contrats courts. »
Dans cet article, Dan Israël et Médiapart, « C’est finalement Pôle emploi, à l’origine du fameux chiffre du gouvernement, qui a vendu la mèche en publiant la note détaillant son calcul. Pour aboutir à la proportion de 20 % de chômeurs « trop » payés, l’organisme public a tordu les règles de la statistique, en ne comparant pas des périodes équivalentes. D’abord, Pôle emploi a fait la moyenne mensuelle des salaires touchés chaque mois où le salarié a travaillé au moins pendant un jour. Qu’il ait travaillé 20 jours ou une seule journée, un mois entier de travail a été comptabilisé. Et qu’il ait touché 1 500 euros mensuels ou 50 euros, chaque mois a été traité de la même manière. Cette base de calcul a ensuite été comparée au montant de l’allocation-chômage versée au demandeur d’emploi pendant un mois complet – où il a donc touché son indemnité tous les jours. L’entourloupe statistique consiste à considérer que les deux durées sont comparables, ce qui n’est pas le cas. Par exemple : si un salarié a travaillé 20 jours en janvier pour 1 000 euros, 10 jours en février pour 500 euros, puis un seul jour en mars pour 50 euros, la moyenne mensuelle de ses salaires est de 516 euros. Alors que son indemnité chômage mensuelle devrait dépasser les 1 000 euros (il la recevra s’il a travaillé au moins 4 mois étalés sur une période de deux ans). Son revenu au chômage semble donc supérieur. Mais cette impression est un mirage. Car le défaut du raisonnement est de faire croire que l’allocation lui sera versée pendant trois mois. C’est totalement faux. L’indemnisation chômage est versée sur une durée égale au nombre de jours travaillés (on y ajoute les week-ends). Si le salarié a réellement travaillé six semaines et un jour, il ne sera indemnisé par Pôle emploi que pendant six semaines et un jour, et pas pendant trois mois. Le montant total des allocations versées restera donc bien inférieur au montant total des salaires touchés. Pour que le calcul ait un sens, il faudrait comparer d’un côté la moyenne des salaires – comme le font bien Pôle emploi, le gouvernement et Emmanuel Macron – et de l’autre la moyenne des allocations versées (et non la totalité). C’est ce paramètre qui est trop souvent escamoté dans le débat : si le salarié touche une allocation seulement pendant six semaines sur trois mois, il ne faut pas oublier de comptabiliser les six semaines durant lesquelles il ne touchera rien. Une subtilité qui a, semble-t-il, échappé à Emmanuel Macron. »
Si ces éléments sont effectifs, ce qui est omis est simple et essentiel : un salarié qui a travaillé plusieurs mois (puisqu’il faut déjà avoir travaillé plusieurs mois avant que des droits puissent être ouverts, ce qui est, déjà, en soi, un scandale) et qui passe d’un contrat de travail à une période de chômage va percevoir une moyenne de 57% du brut de ces salaires sur les mois travaillés (notamment les 12 derniers mois). Prenons un exemple : un salarié qui a perçu un salaire au SMIC, soit 1250 euros environ. Le brut représente 1623 euros. 57 % de ce brut est de 925 euros. La perte de salaire est de 25%. 25% du plus bas salaire minimum, pour un travail à temps complet, c’est une perte énorme. Il suffit de proposer aux plus fortunés l’amputation immédiate de 25% de leur fortune totale – et vous pouvez sortir les mouchoirs… Sauf que, pour de tels plus fortunés, continuer à vivre avec 75% de ce qui était auparavant leur fortune totale, n’induit aucune difficulté immédiate ou grave. Par contre, perdre 25% pour un salarié qui percevait un SMIC, induit des difficultés immédiates ou graves.
Or, sur ce sujet, il est tout de même fascinant de constater, notamment de la part de personnes ou d’organisations qui se disent « de gauche », qu’il n’y a aucune proposition/exigence pour que les salariés qui se retrouvent au chômage n’aient aucune perte quant à leurs revenus. Le discours réactionnaire : « il faut qu’il y ait une perte de revenus pour que le travailleur soit motivé à retrouver un emploi » ; « ce n’est pas possible de verser des indemnisations parce que le coût pour l’UNEDIC sera trop élevé », est fondé sur les présupposés par lesquels celles et ceux qui le colportent expriment leur ignorance et leur mépris envers les travailleurs concernés, puisque la très grande majorité des chômeurs préfèrent travailler plutôt que de ne pas travailler (plaisirs du travail ; relations sociales ; etc), et parce que si les chômeurs sont moins nombreux, le coût total sera nécessairement moins important. Or la plupart de celles et ceux qui parlent de ce sujet acceptent ou pire, veulent, qu’il y ait un chômage de masse et pas qu’il y ait une véritable réduction du chômage.
Voilà donc deux propositions/exigences à porter dans les prochains mois : aucune perte de revenu entre le travail et le chômage; différentes mesures pour doper l’emploi dans la fonction publique et dans le privé.
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