« Racisme social » : parution du livre, « Théorie interdisciplinaire des pratiques ploutocratiques de différenciations sociales », une première présentation

La parution de « Racisme social : Théorie interdisciplinaire des pratiques ploutocratiques de différenciations sociales » est ici présentée par une première note. D’autres suivront, pour donner des détails sur les chapitres, des parties, du texte. L’ouvrage bénéficie, jusqu’à la fin du mois d’août 2023, d’un prix de 10,99 euros pour le format numérique. Il constitue la fin d’un travail commencé il y a trois décennies, et d’un travail de rédaction de 6 mois. Avec sa bibliographie, le livre compte 550 pages au total. Son titre s’explique par le fait que cet ouvrage propose, en effet, une théorie qui associe plusieurs disciplines, à savoir, la Philosophie, l’Histoire, l’Anthropologie, la Sociologie, la Psychologie, l’Histoire des religions, les mathématiques selon Einstein, afin de prendre acte, de mesurer, les « pratiques ploutocratiques », celles qui visent à la création et à la gestion de « richesses », spécifiques, en tant que moyens sociaux déterminants, celles qui émanent des populations, sources de, associées à ces sources, pratiques parmi lesquelles peuvent être également observées objectivement des « différenciations », c’est-à-dire à des valorisations et dévalorisations. 

Cette audio révèle des propos racistes de Ronald Reagan

« Racisme social » : ce fut, d’abord, une expérience concrète, à Bordeaux, Toulouse, et, évidemment, Paris, notamment à l’occasion de l’expérience des « Cafés-Philo » (cf. l’ouvrage à ce sujet https://www.leslibraires.fr/livre/22240191-cafes-philo-en-france-un-malentendu-un-echec–jean-christophe-grellety-books-on-demand). Une expérience pour laquelle il manquait un mot, une expression, pour désigner ce rapport à la majorité civique, les « pauvres », par les membres d’un groupe social minoritaire, sûr de son fait, de sa valeur, de ses « valeurs » (ce mot qu’ils affectionnent tant), d’être les seuls, capables, dignes, en général, du « pouvoir ». Celle de Pierre Bourdieu, « le racisme de l’intelligence », avait le défaut de lier deux mots si contraires, et de ne pas dire explicitement le champ d’effet de ce racisme spécifique. Alors que, brièvement (années 80), le racisme, en pratique et dans les références, a, en France légèrement reflué, le racisme social, lui, n’ayant jamais cessé, depuis les siècles des siècles, continuait de se faire entendre partout, avec le néolibéralisme thatchérien, une machine de guerre contre la majorité civique anglaise, donc contre les pauvres, en lien avec la même machine de guerre américaine, celle de Reagan. Mais si les fortunés et leurs serviteurs politiques ont mené cette guerre et mènent cette guerre, en prenant aux pauvres du monde entier, des terres, des ressources, des œuvres, ils ne pouvaient pas la déclarer, telle quelle, sans risquer de susciter une « convergence des citoyens et des luttes », qui constitue leur cauchemar, absolu. Il fallait biaiser, utiliser des euphémismes, des expressions ambiguës, comme « lutter contre la pauvreté », intention fâcheusement interprétée par tant comme une lutte pour l’amélioration des conditions d’existence des pauvres. Mais la vague néolibérale, par et pour ce capitalisme radicalisé, n’aura été que le plus récent avatar de cette politique de « natalité ploutocratique », destinée à faire naître des nouveaux « riches », ce dont l’Europe s’est faite le creuset de cette spécialité mondiale incontestable depuis… le Moyen-âge, non, depuis l’Antiquité, gréco-romaine. L’atmosphère sociale française depuis quelques années, électrique, démontre concrètement ce que sont, vivent, éprouvent, ces communautés humaines dès lors qu’elles subissent les prétentions ploutocratiques, avec leur collectif égoïsme, « tout pour nous », parce que « c’est notre projet ».

Pour aider à comprendre le sens de cette notion nouvelle de « racisme social » (bien que le fait, vécu, soit, structurel, ancien, omniprésent), le négatif permet de le révéler : imaginons un monde sans racisme ni racisme social – qu’est-ce que cela veut dire ? Sans racisme : nous en subissons, tellement, tous les jours, des expressions, que chacun sait ce que cela signifie. Fini, plus d’invocations de généralités pour viser des singularités, fini la stérilité française avec cette supposée perfection, comparée à des « imparfaits ». Mais quid de la fin du racisme social, puisque cela concerne les personnes pauvres ? La fin du racisme social implique qu’il n’y ait pas de discours ET d’actes, politiques, contre les pauvres (exactement le contraire de ce qui se passe en France de manière active, depuis la présidence Sarkozy, et de manière hyperactive, depuis la présidence Macron), mais aussi et surtout, plus de politiques qui visent à imposer à des personnes d’être privées de tant, d’être pas seulement des pauvres, mais des hyperpauvres, et, en ce moment, le symbole de ce racisme social réside dans la volonté gouvernementale de conditionner le RSA, c’est-à-dire d’envisager la suppression d’un minimum vital, ce qu’ils font déjà avec des personnes qui perçoivent une allocation-chômage… Et est-ce… « utopique » ?

Sans ces « travailleurs essentiels », le « train de vie » des plus fortunés n’existe pas, puisqu’ils ne peuvent rien faire par eux-mêmes. Ces travailleurs essentiels au service des plus riches sont le symbole de ce que sont devenus les ploutocraties, d’un président de la République jusqu’à l’électeur, enthousiaste, qui vote contre ses propres intérêts.

Mais pourquoi est-ce que ce n’est pas la situation des hypers fortunés, les milliardaires, qui est dite « utopique » ? Pour eux, elle l’est bien, ils en sont ravis, et ils sont fascinés que la majorité consente à – en se demandant, inquiets, jusqu’à quand va durer ce consentement. Pour l’instant, nous subissons ces attaques, en mots, en actes, notamment contre les conditions d’existence des plus pauvres, dont la vie est déjà réduite à de la survie, et, sans revenu, à une survie encore plus difficile. Mais ces mises en danger de la vie d’autrui sont autorisées, et même, saluées par tant de citoyens. Comment des êtres humains qui ont des prérogatives collectives, des « pouvoirs politiques », peuvent ainsi PENSER à priver des êtres humains dont la vie est réduite à de la survie, du peu qu’ils perçoivent pour survivre ?! Comment cette déshumanisation a-t-elle pu advenir ? Avec ceux qui se réjouissent de la mort d’êtres humains, réduits à l’état de « migrants », à l’occasion de la traversée de la Méditerranée, ou même envoyés à la mort en plein désert, sans eau, comment celles et ceux qui applaudissent à des crimes par non-assistance à personne en danger, mise en danger de la vie d’autrui, homicides involontaires/volontaires, ont pu en arriver à ce niveau de dégradation de leur conscience, « morale » ? Sur Twitter, ils sont des milliers à s’esclaffer pour de telles morts. Nous en sommes là – et las. Mais nous n’en sommes pas arrivés là, sans qu’il y ait eu, en amont, des étapes, des mutations, des contributions.

C’est l’Histoire de la ploutocratie, dont la condition de possibilité a tenu, dès le début et toujours, dans la concentration des personnes, des « avoirs », des titres. Le cumul est au principe de. Mais ce qui nous apparaît banal, dans cette Histoire, ne l’a pas été, surtout à l’occasion des premières fois. Il faut se mettre à la place de ces anciennes communautés, après la Préhistoire, dont l’unité et la fraternité les déterminaient d’une manière concrète, vivante. Dans ces communautés, il n’y a pas de SANS. Aucun membre de la communauté n’est privé des biens fondamentaux, d’un habitat, de RELATIONS humaines, sociales. Et, soudainement, en quelques années, des membres de la communauté se mettent à part, et imposent à d’autres une autre mise à part, par l’exclusion. Les tout nouveaux « riches » créent les tout nouveaux « pauvres », hyperpauvres, privés de. Et cela ne passe pas. Les audaces ploutocratiques ne sont pas acceptées, telles quelles. Si l’Histoire de l’Europe est celle de leurs promotions, du renforcement ploutocratique, par des principes, des réseaux, une diversité idéologique, des agents, conscients ou inconscients, c’est aussi celle de la résistance populaire à ces prétentions, de ces premières guerres civiles, en Grèce, jusqu’à nos propres guerres civiles, où tant de mots publics sont comme des armes, jusqu’à ce que, parfois, il n’y ait plus que le bruit des armes…La confrontation entre ces séparatistes ploutocrates et les populations qui refusent de se soumettre tant à leurs principes qu’à leurs effets communautaires (le collectivisme de ceux qui cumulent les propriétés et l’atomisation du « corps social » des « autres »), reste à mesurer et à raconter, et une partie de ce livre en commence l’énonciation, dont nous avons, partout, tant de conséquences, traces, dans la réalité vécue, le langage social dominant et le langage social « underground », avec les œuvres artistiques, littéraires. Et c’est pourquoi le livre s’ouvre sur une présentation, une interprétation, du « Le portrait de Dorian Gray », d’Oscar Wilde, puis, plus loin, de « La tempête », de Shakespeare.

De l’Histoire, européenne, mondiale, il s’agit donc de reprendre le travail de l’interprétation, générale et, époque par époque. Si l’existence et les effets des premières ploutocraties ont eu, pour réponse, tant le Pythagorisme que l’œuvre platonicienne, ces prétentions ne sont pas, dans notre Histoire, permanentes, « universelles », pour utiliser un autre terme que les ploutophiles européens adorent utiliser à toutes leurs sauces, parce qu’il y a eu des espaces et des périodes, heureusement privés de … privations. Et une des obsessions est de faire oublier ces espace-temps, d’imposer une interprétation de l’Histoire, comme si les peuples n’attendaient que leur apparition, la « révélation » de son sens, avec une idéologie hégélienne parfaite, par et pour les dirigeants européens, par l’inversion des faits, en se prenant pour des Géants sur les épaules de nains. Dialectique, sainte Trinité fusionnée dans le corps de l’Histoire, l’Histoire aurait accouché d’Européens supérieurs en tout, comme Hegel lui-même. C’est que, des Anciens jusqu’à nos jours, le Narcissisme est LE principe psycho-politique le plus emblématique et déterminant, de la « politique », dans cette Europe où pullulent les dangers et les dangereux. Et ce problème politique a, en effet, commencé d’une manière rigoureuse et sévère dans la Grèce antique, avec des cités où, pour la première fois, des aristocrates devenaient des hyperfortunés, et des pauvres, des exclus, des sans, au point d’en devenir cyniques, ce dont Platon parle d’une manière lumineuse dans le livre VIII de « Politeia », sans que ces références historiques aient été, après, perçues et interprétées, comme telles. Ce qui est, depuis deux siècles au moins, interprété comme le cadre de la « naissance de la Raison », la Grèce antique des Socrate et Platon, a vu apparaître une pensée politique, en tant qu’effet des violences politiques et économiques, contre lesquelles Socrate et Platon proposent une résistance, pacifique mais ferme, et contre lesquelles les courants intellectuels nouveaux, l’épicurisme, le stoïcisme, le scepticisme, apparaissent dès lors que « la défaite de la majorité » (pour paraphraser un professeur de Philosophie, Harold Bernat, d’une des villes les plus marquées par le racisme social français, Bordeaux…) est consommée, certaine, définitive. C’est cette Histoire grecque des 7ème, 6ème, siècles, qui est mal connue, parce que nous sommes focalisés sur ce qui arrive à la fin, quand l’Histoire grecque est quasiment jouée, que l’impérialisme athénien ne parvient pas à s’arrêter, jusqu’à la défaite, que les Grecs, les Athéniens, s’avèrent incapables de construire une fraternité par-delà les murs des cités, mais aussi à l’intérieur même des murs de la Cité, et qu’ils sont tout aussi incapables de voir que, à l’Ouest, une force politique et militaire s’est constituée, qui va, en tuant la culture grecque, en faire sa référence intellectuelle, artistique, au moment où elle cesse d’exister. C’est dans ces siècles mal connus que les prétentions ploutocratiques se constituent, que des cités connaissent la fin de la fraternité, que les Pythagoriciens essayent de réintroduire une « harmonie » perdue, avant d’être violemment éliminés par le « parti démocratique » (disent les historiens). Or, pour Platon, la dégénérescence grecque a commencé avec… les aristocrates (bien qu’il soit un fils d’une de ces très grandes familles, il les critique, sévèrement), dans un régime militaire, par lequel ils ont appris le goût, la passion des richesses, goût, passion, contre lesquels Platon recommande une éducation des « gardiens » de la Cité. Si ce sujet était si peu important, comment comprendre que, plusieurs siècles plus tard, en France, il soit redevenu si essentiel, si discuté, si vif, avec la figure controversée de « l’Incorruptible », et comment comprendre que, AUJOURD’HUI encore, le problème de « la corruption » soit toujours aussi marqué, décisif, profond, alors que les nations industrialisées cumulent toutes les caractéristiques des ploutocraties ?!

Aussi, pour se dessiller les yeux sur nos principes d’interprétation de l’Histoire et de notre présent, nous ne pouvons pas ne pas reprendre les choses à la racine, des mots, des faits, des significations, des problèmes. Le terme de « pauvre » est lui-même trop générique, général, parce qu’il associe implicitement des négativités et des positivités, de trop grands écarts de conditions, dans l’espace et dans le temps, avec une situation pire pour les… « hyperpauvres », les plus privés de, dans les pays les plus riches, actuels, comme aux États-Unis, que dans bien des pays moins riches, où il peut ne pas exister de très grande pauvreté, c’est-à-dire ces femmes, enfants, hommes, littéralement, totalement, abandonnés, essayant de survivre avec quasiment rien, alors que dans bien des pays pauvres, il y a des réseaux de solidarité entre les pauvres. Un pauvre d’un pays riche, qui vit dans un pays où il existe des droits sociaux, pas réduits à presque rien, et pas en danger d’annulation, peut ainsi vivre mieux qu’un de nos plus fortunés du passé, comme tant d’aristocrates français, dont les conditions d’existence de l’époque étaient, par comparaison avec leur temps, meilleures, puisqu’ils ne manquaient ni de logements agréables ni d’une alimentation quotidienne, mais dont la santé ne pouvait être prise en charge par des professionnels compétents. Gavés par l’opulence alimentaire, tant d’aristocrates souffraient d’une mauvaise hygiène de vie (les souffrances de Louis XIV en fin de vie, avec « la goutte », n’étaient pas dues au hasard), puisque nul ne pouvait leur permettre de traiter leurs problèmes buccaux, alors que dans un pays avec un régime social-démocrate encore debout, un pauvre peut, aujourd’hui, être rapidement reçu par un spécialiste pour traiter, « à la racine », ses maux dentaires. Pour paraphraser le titre du livre d’Olivier Cyran, la guerre sociale nous met sur les dents, parce qu’elles sont le mur des secrets, par lequel l’éclat de certaines dissimule un appétit de requin. Parfaites, elles permettent de ne plus faire penser à la prédation, lieu d’un feu biologique qui consomme et consume des quantités astronomiques de la chair du monde. Et quand les râteliers des « stars » de la série « Dallas » clignotaient, la série « V » avouait que ces conquérants dissimulaient un projet du niveau du non-cerveau reptilien, manger le monde, comme le Reaganisme en avait annoncé les, sombres, couleurs.

Mais s’il y a relativité entre pauvres et riches, en raison des caractéristiques de leur espace et de leur temps, il ne s’agit pas de suggérer qu’il faut s’en tenir à un relativisme généralisé, comme si tout dépendait de l’interprétation de chacun sur telle ou telle situation. La précision des définitions, la caractérisation des situations subies, vécues, modifiées, par la connaissance des formes de l’être-avoir, doivent nous permettre de distinguer, par exemple, entre des pauvres, à qui rien ne manque, et des pauvres à qui l’essentiel manque, entre des premiers qui, parce qu’ils ne manquent de rien, ne sont pas « pauvres », mais peuvent être dits tels, parce qu’ils ont peu et veulent peu, et des seconds qui, parce qu’il leur manque l’essentiel, ne sont pas seulement des pauvres, mais des hyperpauvres, dont les conditions d’existence sont rapprochées du dénuement, alors que l’Histoire humaine est fondée sur la négation de ce, total, dénuement, condition première de notre existence à notre naissance. Parce que l’enfant qui naît, nu, s’il est dans le dénuement d’une assistance humaine, 24 heures sur 24 heures, a une espérance de vie réduite à quelques minutes, ou quelques heures. Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de nous passer de tout, et de tous. Les anachorètes n’ont pu apparaître qu’à partir du moment où une pensée nihiliste a pu nier l’existence, la valeur, du monde, de la vie. Ils auraient pu accélérer leur fin par le suicide, ils ont préféré en faire un mode de vie, dans l’affirmation tragique, maladive, d’un Moi, supposé pouvoir et devoir vivre une relation spéciale avec un invisible – une manière de refuser les échanges humains, trop humains. Mais si le Christianisme, qui fut aussi pour commencer celui des plus « fous de Dieu », a dû consentir à la reconnaissance de l’existence des autres, les imparfaits, les non-Saints (ce que Platon fait clairement et simplement dès le début de « La République », par l’énonciation de l’interdépendance), il est toujours resté sur cette ligne de crête, partagé entre le peuple des « hérésies », et les meilleurs, « proches de Dieu ». Sur cette matrice dangereusement manichéenne, l’Histoire européenne (puisque c’est en son sein que le Christianisme s’est institué), a multiplié, au fur et à mesure des évolutions politiques et économiques, jusqu’à distinguer entre les heureux bénéficiaires du « sang pur », et les autres… Et qui étaient ces « bénis » par l’Histoire et l’Éternité ? Évidemment, des chrétiens et surtout, des chrétiens enrichis. Cette différenciation (ce que nous pourrions qualifier par un néologisme de « différenci’action »), est une pratique ploutocratique. Pourquoi en arriver jusque-là ? C’est que, à la différence des enrichis de l’Antiquité, les « nouveaux riches » de l’Europe chrétienne se sont constitués dans un projet « éternel » : mettre en place des familles/fortunes, de mille ans, et plus, si possible !, et pour cela, il faut s’organiser, afin de protéger ce qui, dès lors, devient une obsession, « l’héritage ». Être les maîtres maintenant, et s’assurer, autant que possible, que nos enfants seront les maîtres demain. Et pour cela, il faut parvenir à un contrôle maximal sur tout et tous. Comparés à des animaux domestiqués, les « pauvres » forment un cheptel, qu’il s’agit de connaître, de a à z, afin de lui imposer des comportements paisibles, sans insurrection contre leurs conditions, leur enfermement, leur destin, servir, « nourrir. ».

Métro, boulot, dodo, voilà un bon rythme de vie, et il est important de donner une bonne hygiène de vie, des conseils culturels, etc. : les pauvres Européens sont les plus « assistés », de force, par des conseils et des conseillers, partout, avec une seule condition, accepter ce sort, et s’y tenir, si possible, en silence. Sinon ? Comme des bovins le sont dans leurs enclos, les maîtres matraquent, « dressent », et face aux cas les plus résistants, ils parquent dans des espaces spéciaux, destinés à calmer les plus récalcitrants. Concentration des fortunes, camps de concentration (désignés autrement, l’appellation étant trop connotée et négative) : aux premiers, des espaces vitaux, larges, profonds, fluides, aux seconds, l’entassement, avec des sujets-corps traités comme des marchandises. Si des VIP doivent être, au bout du bout, emprisonnés, ils sont placés dans des prisons pour VIP. Pour les autres, en fonction de leur « valeur sociale », la répartition attribue ou une cellule individuelle, ou une cellule partagée. Et dans des pays sous la tutelle coloniale prolongée, loin des yeux des « sensibles Européens », des autorités entassent par dizaines/centaines des prisonniers, sans le moindre espace personnel, et les ambassades des « pays des droits de l’homme » ne protestent pas énergiquement contre ces maltraitances – puisque ces pays acceptent encore la tutelle coloniale, il ne faut pas les froisser… Certains se rassurent en se disant que ces « prisonniers » l’ont mérité, que, eux, ils vivent dans un pays « civilisé », qu’il ne leur arriverait jamais une chose pareille, surtout que, eux, ils respectent les lois, et ils en sont félicités de tant de manières différentes, puisqu’ils mettent en oeuvre leur « liberté », de laquelle ils obtiennent des mérites pour son bon usage. Et il n’y a pas de prisonniers qui soient en même temps des individus « libres ». Or tout concourt à nous répéter, répéter, que nous sommes libres – et une telle insistance devrait nous paraître suspecte. C’est ce que beaucoup ont compris avec le système politico-électorale dont le message politique est, en France, très clair : si vous votez bien, comme ce système l’entend, tout va bien, et ce quel que soit votre choix dans les nuances de gris, et si vous votez mal, ou si vous protestez contre le système lui-même, vous aurez beau dire et beau faire, vous ne changerez rien aux principes, à la situation générale. Vous êtes libre, mais il ne faudrait pas abuser. Où commence les demandes abusives ? Si vous demandez, par exemple, des augmentations des bas salaires. Et si je demande une augmentation pour les plus hauts salaires, les plus hauts revenus ? Ce n’est pas une demande abusive, mais une demande nécessaire, qu’il faut applaudir et soutenir. Mais pourquoi celles et ceux qui ont DEJA TANT auraient encore PLUS, et celles et ceux qui ont DEJA PEU (au regard des coûts contraints et des prix), doivent continuer d’avoir si PEU ? Face à une telle question, les chantres de, sont incapables de formuler une réponse rationnelle, puisque, évidemment, il n’y a aucune rationalité économique là-dedans. En ploutocratie, les principes économiques servent seulement à donner une apparence de légalité et de légitimité à des pratiques interdites en droit, le vol, le pillage. Mais évidemment, les « voleurs » de ce niveau-là, et leurs publicitaires, ne peuvent pas dire sur la place publique : nous avons réussi d’excellents vols et nous remercions les volés de leur consentement. Les forces de CET ORDRE seraient en fâcheuse posture face aux protestations des volés. Il faut donc raconter les choses autrement. Et ce sont à ces récits que sont occupés une partie des troupes de garde (par exemple, Agnès Verdier-Molinié, pour ne citer qu’elle, la plus emblématique) des ploutocraties, à leurs améliorations, diffusions. Et ceux qui défendent ces vols, pillages, qualifiés comme des « investissements », « profits », ne vont jamais en prison. Ces enfermements n’existent que pour les petits voleurs (une folie !), et les opposants. Ces prisons ne sont que le miroir inversé des ghettos du Gotha, dans lesquels les prisonniers riches et les prisonniers pauvres bénéficient d’une « richesse » d’une valeur extraordinaire : le temps libre, hors des obligations de la production de l’ensemble du réel. Ce temps libre, la « skolé » voulue par Platon pour la première école/Université de l’Histoire, l’Académie, est devenu le bien le plus recherché, prisé, qui met d’accord riches et pauvres, mais quoiqu’il en soit, il n’est pas possible sans que d’autres produisent les biens essentiels. Si, pendant un bref intermède, les « confinements Covid », les populations les plus ploutophiles ont eu des révélations inouïes sur « les travailleurs essentiels » (sous leurs applaudissements, rapidement interrompus), le retour à la circulation des uns et des autres a facilité les trous de mémoire des mêmes populations, pour retrouver leurs fondamentaux du racisme social, contre ces travailleurs, pauvres, par des choix qui s’opposent à ce que tant puissent avoir plus de temps libre, comme des vacances en voyages. Et chaque été (comme cet été) de cette banalité française, des médias découvrent que près de la moitié de la population adulte, en capacité de prendre des vacances, reste chez elle, parce qu’elle n’en a pas les moyens, et ce alors que les coûts contraints et les prix ont continué d’augmenter. Mais quand la conscience ploutocratique parle de cet empêchement à aller respirer ailleurs, il faut bien mesurer qu’elle le fait pour plusieurs raisons : mesurer l’autre part de la population qui part, se moquer « gentiment » de cette part qui ne part pas, inventer des causes à cette situation (des dépenses inconsidérées) pour accuser les privés de, d’être responsables de leur situation. La pauvreté, entendue dans un sens négatif, ne serait jamais l’oeuvre des ploutocrates. Et si demain, des citoyens osent proposer des mesures économiques qui, par voie de conséquence, permettraient à tant de partir en vacances, la même conscience ploutocratique protestera, en accusant : c’est de l’utopie. Mais ce n’est JAMAIS de l’utopie, quand elle promeut un enrichissement, sans limite, maximal. 

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires